Les biodéchets : mais de quoi parle-t-on ?
Les biodéchets sont dits fermentescibles et correspondent tout simplement aux déchets alimentaires tels que les épluchures de fruits et légumes, les restes de repas… mais aussi aux déchets verts liés au jardinage : restes issus de tailles, tontes de gazons, désherbage etc.
Qu’est-ce que le compost ?
Le compostage, selon Zero Waste France, est un processus de transformation des déchets organiques (déchets de cuisine, déchets verts et de bois) par des micro-organismes et petits animaux (bactéries, vers de terre) en un produit comparable au terreau : le compost. C’est un amendement organique naturel à utiliser directement dans son jardin. Le compost est un fertilisant d’excellente qualité et 100 % naturel. Il allège la terre et permet des économies d’engrais, de terreau et d’eau.
Zero Waste France a rédigé une fiche sur le compost, n’hésitez pas à la consulter pour une définition approfondie : Tout sur le compost – ZWF
Pourquoi composter ?
En France, ces biodéchets constituent en moyenne 1/3 du contenu de nos poubelles. Ces déchets sont mélangés aux ordures ménagères et envoyés en incinération ou en enfouissement. Brûler des biodéchets organiques, composés de 60 % à 90 % d’eau, c’est du gaspillage d’énergie et de fortes émissions de gaz à effet de serre.
Pour avoir un ordre d’idée : Un habitant de la métropole de Lyon produit 51,6kg de déchets alimentaires en un an. La majorité est incinérée. En 2021, seulement 5,1% des biodéchets qui ont été valorisés en compostage. Si on compostait la totalité de nos biodéchets, il y aurait un besoin beaucoup moins conséquent d’utiliser l’incinération !
Le compost a été démontré comme un moyen de limiter le CO2 dans l’atmosphère. En effet, la matière organique contenue dans le compost lorsque celui-ci est épandu sur les sols agricoles de garder stocké le CO2 (principal gaz à effet de serre) dans les sols, l’empêchant de se libérer du sol. Il a été estimé que le fait d’augmenter de 0,15% le taux de carbone (matière organique) dans tous les sols d’un pays comme l’Italie (de 2,8 à 2,95 par exemple) permettrait de stocker l’équivalent des émissions des combustibles fossiles sur une année de ce même pays (communication de la Commission Européenne sur la stratégie des sols, 2006).
Attention cependant : il y a «entasser» et «composter»… Ainsi, nous dit le Réseau Compost Citoyen (RCC), “le processus de compostage, s’il est mal mené, peut être générateur de gaz à effet de serre. Pour composter avec un impact moindre sur le climat, pensez à équilibrer, structurer et régulièrement brasser votre compost afin d’apporter de l’oxygène aux micro-organismes responsables de cette dégradation”.
Le Réseau Compost Citoyen a rédigé une fiche à ce sujet, n’hésitez pas à la consulter : Le compostage de proximité, un acte en faveur du climat ?
Si le sujet vous intéresse plus profondément, nous vous mettons le lien d’une vidéo de l’ADEME qui en parle : Le sol acteur-clé des territoires et du climat
En 2024, une solution de compostage sera proposée et obligatoire pour tout le monde, ce qui fait une raison supplémentaire de s’intéresser à la question 🙂
La Loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire (AGEC) ou la généralisation du compostage (enfin !)
Grand chamboulement à venir ! Sachez qu’à partir du 1er janvier 2024, chaque collectivité ayant en charge la gestion des déchets de son territoire, doit étudier et identifier les solutions les plus pertinentes pour trier les déchets alimentaires à la source et s’assurer que ceux-ci pourront être valorisés et non mis en décharge ou incinéré : on appelle ça la généralisation du tri à la source des biodéchets
Comment composter ?
Il existe plusieurs techniques de compostage: en intérieur, en extérieur, individuel, collectif, sur plateforme, par apport de particuliers, professionnels, en silo, en tas, sans jardin, par fermentation (bokashi) etc.
Le lombricompostage : une solution possible sans jardin/extérieur
Cette technique est assez proche du compostage dit “classique”, avec cependant quelques différences, expliquée ci-dessous par les experts du sujet sur Lyon depuis plus de 10 ans, l’association Eisenia:
- un ensemencement initial avec des litières très concentrées en vers de terre et autres organismes associés
- une organisation de la migration des vers pour pouvoir récolter le lombricompost tout en gardant les vers dans le système
- un maintien d’une température douce dans le système contrairement au compostage thermique dont la montée en température repousse provisoirement une grande partie de la faune du sol.
Les lombricomposteurs se fabriquent très facilement (plein de tutoriels sur internet), vous pouvez aussi vous en procurer de fabrication à moindre impacts et localement avec une colonie de vers par ici ou par là par exemple.
Sites de compostages collectifs
Si vous ne voulez pas vous lancer seul·e, rencontrez vos voisin·es ou les habitant·es engagé·es de votre quartier, une seule solution : le compostage collectif ! Une opportunité pour apprendre plein de savoirs, profiter de temps conviviaux et récupérer un compost de bonne qualité pour vos plantes. La liste des composteurs dans le quartier Valmy est présentée plus bas dans cet article.
La Métropole de Lyon propose une carte affichant tous les sites de compostages accessibles. On vous encourage vivement à y jeter un coup d’oeil 😉
Du côté du 9e arrondissement de Lyon :
Composter sur la métropole de Lyon
Depuis plusieurs années, il existe un compostage de proximité (composteurs de quartier ou en pied d’immeuble) sur la métropole de Lyon, les sites sont montés par les services de la Métropole à la demande des habitant·es qui sont formé·es à sa gestion ensuite.
La Métropole vous forme gratuitement :
– je m’inscris pour devenir guide composteur
– je m’inscris pour devenir référent·e d’un site de compostage
Depuis 2021, une offre de composteurs individuels pour les foyers possédant un habitat individuel est proposé par la Métropole. Vous pouvez faire la demande par là : La Métropole de Lyon vous offre un composteur individuel !
Enfin, en prévision de l’obligation de la loi AGEC (voir plus haut), la Métropole a commencé à déployé un système de collecte des biodéchets généralisé dit en “point d’apport volontaire”: des bornes collectives sont déposées depuis 2 ans progressivement sur le territoire. Leur fonctionnement est semblable aux silos récoltant notre verre: les personnes sont invitées à venir déposer leurs biodéchets en bas de la rue dans une borne collective. Celle-ci est vidée par des camions qui s’en vont déposer les contenus sur des grandes plateformes de compostage gérés industriellement: les biodéchets sont mécaniquement transformés en compost (processus accéléré par chauffage et retournement réguliers). Les bornes sont nettoyées régulièrement, les services de la Métropole ont pour but d’en installer une pour 500 habitant·es en moyenne d’ici 2025 sur toute la métropole. Les bornes n’arriveront sur Lyon 9e pas avant 2025 cependant.
La Métropole accompagne aussi les écoles et les collèges à l’installation de site de compostage : pour en savoir plus.
Qu’est-ce qu’on peut mettre dans un compost ?
Voilà un schéma récapitulatif de tout ce qui peut être mis dans un composteur, mais attention aux quantités et au règlement de votre composteur collectif !
La métropole de Lyon a rédigé une fiche explicative sur les déchets que nous pouvons composter ou non : Compostage : Que peut-on mettre ? Stop aux idées reçues !
Ce qu’on dit sur le compostage…
Nous vous proposons un petit Vrai ou Faux ? pour casser le nez aux idées reçues sur le compostage.
Le compost attire les nuisibles, tels que les rats
C'est faux. Si des nuisibles trainent dans votre composteur, c'est qu'ils étaient déjà présents avant l'installation de celui-ci. Pour éviter qu'ils mettent le nez dans votre composteur, il faut faire en sorte qu'il n'y ait aucune entrée possible : l'installation de grilles peut être une solution.
Le compost ne demande pas beaucoup de temps et d'efforts
C'est vrai. Vider ses déchets organiques ne prend pas plus de 5 minutes par semaine. Dès que votre sceau de biodéchets est plein, il vous suffit de le vider dans le bac à compost et d'y mélanger un peu de matière sèche, et le tour est joué.
Un composteur, ça prend de l'espace
Faux. En fonction de là où vous habitez, vous prendrez le composteur qui correspond le mieux à votre espace disponible. En résidence, vous pourrez privilégier le composteur collectif. S'il n'y en a pas, choisissez le lombricomposteur. Si vous avez une maison avec un jardin, alors un composteur individuel fera l'affaire. Dans tous les cas, il y a toujours un moyen de trouver ce qui nous correspond le mieux.
Visionnez cette vidéo pour en savoir plus sur les types de compost : https://www.youtube.com/watch?v=kPTS8ZUVG98
Le compost est souvent de mauvaise qualité
C'est faux. Si le compost n'est pas bien géré, il peut évidemment contenir des matières toxiques ou des contaminants qui peuvent nuire à l'environnement. Mais dans la majorité des cas, il est de bonne qualité car surveillé par les personnes qui gèrent les composteurs de quartier 🙂
Dans le cas d'un composteur individuel, vous êtes seul-e responsable de ce que vous y mettez. Tant que vous ajustez la quantité des matières organiques et que vous ne mettez pas n'importe quoi, il n'y a aucune raison que le compost soit dégradé.
Associations locales en lien avec le compostage
Dans le 9e arrondissement de Lyon
Mouvement de palier
Vous connaissez maintenant Mouvement de palier qui co-porte le projet du Quartier Zéro Déchet... Eh bien figurez-vous qu'ils peuvent tout à fait vous accompagner dans un projet de composteur de quartier ! Plus d'infos sur leur site internet : Mouvement de palier
On sème FORT !
On vous invite à écouter ce superbe podcast pour s’enrichir sur le compostage aux côtés de Brice et Eric.
Pour aller plus loin
Réseau compost et citoyens
Le Réseau Compost Citoyens est un réseau d’acteurs citoyens, publics et privés présents sur l’ensemble du territoire français. Ils échangent et informent sur les sujets liés au traitement des biodéchets, mais pas que… ils proposent également une cartographie sur laquelle vous pouvez retrouver des formations, un lieu où composter chez vous, des entreprises qui agissent sur les biodéchets etc.
Les formations vous permettent d’en apprendre plus sur le compostage, notamment la manière de faire du compost.
Ils mettent aussi à disposition des outils pédagogiques et de nombreuses fiches techniques.
Le compostage pour les professionnel·les
Les acteur·rices de la restauration, privés ou publics (restauration collective par exemple), ou encore les commerces de bouche, les professionnel·les présent·es sur les marchés, sont aussi de grands producteur·rices de biodéchets.
Depuis 2016, les restaurants publics ou privés (restauration collective incluse) produisant plus de 10 tonnes de biodéchets par an sont dans l’obligation de les trier et de les valoriser. Le 1er janvier 2023, ce seuil passe à 5 tonnes de biodéchets par an, et le 31 décembre 2023, l’ensemble des producteurs de biodéchets seront concernés par le tri à la source. Pour trier ces biodéchets, il existe plusieurs solutions pour les restaurateurs, selon les territoires :
- une collecte séparée gérée par la collectivité : certaines collectivités locales ayant mis en place une collecte séparée des biodéchets à destination des ménages l’ont aussi ouverte aux professionnels (notamment petits commerces et petits restaurants). C’est le cas sur la métropole de Lyon.
- une collecte séparée par un prestataire privé : pour la majorité des gros producteurs de déchets, les différents flux (papier, carton, plastique…) ne peuvent pas être collectés par le service local géré par la collectivité, pour des questions de volumes produits, et le sont déjà par des prestataires privés. Il en est de même pour les biodéchets produits par une majorité des professionnels de la restauration, qui doivent passer par un prestataire privé, chargé de la collecte (par camions ou à vélo, parfois) et du traitement des biodéchets collectés. Vous trouverez de nombreuses entreprises locales proposant des prestations de collecte de vos biodéchets.
- une gestion directe sur site : certains prestataires privés vont proposer des solutions de gestion in situ des biodéchets, si les quantités et le site lui-même (place disponible) le permettent. Il va la plupart du temps s’agir d’un composteur ou d’un composteur électromécanique.
- enfin, pensez MUTUALISATION: le commerce voisin a surement les mêmes enjeux que vous est peut-être aussi plus de place dans sa cour privée pour stocker un point de collecte mutualisé : vous réduisez vos coûts assez nettement et la solidarité et l’entre-aide c’est aussi très agréable 🙂
Des métiers d’avenir
Vous l’aurez compris, il y a urgence à composter nos biodéchets. Cela implique aussi de nombreuses filières professionnelles à développer, ne serait-ce que pour les gros producteur·rices de biodéchets telles que les industries et les professionnel·les de la restauration. Si vous chercher un métier d’avenir, pensez aux métiers du compostage !
Jean-Jacques Fasquel, ancien directeur de centre commercial, est devenu maître composteur après avoir effectué comme il le dit lui-même sa “bascule écolo”. Du jour au lendemain, il plaque tout, démissionne de son poste, change sa façon de vivre, de consommer et de voyager.
Je découvre son témoignage ici.